La CAF peut elle me reprocher d’avoir fraudé ?
En droit, « La bonne foi est toujours présumée, et c’est à celui qui allègue la mauvaise foi à la prouver ». (art. 2274 du Code civil). Il en résulte que sans la preuve de l’élément moral, c’est à dire l’existence d’une intention frauduleuse, l’accusation de fraude est purement et simplement infondée.
La CAF peut vous reprocher d’avoir fraudé. Elle le fait même systématiquement. Mais en réalité, les dispositifs d’aides sociales sont d’une complexité telle que même les agents de la CAF et du Conseil Départemental sont susceptibles de commettre des erreurs et de délivrer des informations erronées aux usagers. Il en découle que les imprécisions, omissions et erreurs, persistantes ou réitérées, si elles sont commises de bonne foi, ne sauraient donner lieu à une accusation de fraude.
Dans son rapport susmentionné, le Défenseur des Droits (Lutte contre la fraude aux prestations sociales : à quel prix pour les droits des usagers ? Septembre 2017, p. 16) a dit que :
« Le système des prestations sociales est complexe. L’important corpus de règles en la matière est facteur de risques d’erreur pour l’usager et entraîne un risque d’indu. Le Défenseur des droits constate que les informations à destination des usagers sont elles-mêmes sources d’incompréhension et de difficultés.
Il en est de même pour les agents des organismes tenus d’appliquer ce corpus de règles. La CNAF a notamment établi une grille d’aide à la décision permettant à ses agents d’apprécier les faits susceptibles de constituer une fraude. Aussi, lorsqu’une inexactitude apparaît dans la déclaration d’une « information insusceptible d’erreur » telle que les ressources, la CNAF considère que l’intention frauduleuse doit être déduite des faits.
Or, le contenu même des « ressources » à déclarer varie d’un organisme à l’autre, d’une prestation à une autre, complexifiant d’autant les démarches des usagers et des agents ».